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Vol. 49. Núm. 2.
Páginas 175-205 (Julio 2015)
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Vol. 49. Núm. 2.
Páginas 175-205 (Julio 2015)
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Migration interne et dyanamique culturelle chez les jeunes des premières nations au Québec (canada). Innus, Atikamekw et Algonquins
Internal migration and cultural dynamics amongst first nations youth in quebec (canada). Innu, atikamekwand algonquin
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Serge Côté
Université du Québec à Rimouski 300 Allée des Ursulines, Rimouski, QC G5L 3A1, Canada
Camil Girard
Université du Québec à Chicoutimi 55 Boulevard de l’Université, Chicoutimi, QC G7H 2B1, Canada
Patrice Leblanc
Université du Québec Abitibi-Témiscamingue 445 Boulevard de l’Université, Rouyn-Noranda, QC J9X 5E4, Canada
Jacques Kurtness
Université du Québec à Chicoutimi 55 Boulevard de l’Université, Chicoutimi, QC G7H 2B1, Canada
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Tableau 1. Comparaison des profils de migration des jeunes des Premieres Nations du groupe centre et des jeunes des régions de la Cóte-Nord (CN), du Saguenay Lao Saint-Jean (SLSJ) et de l’Abitibi-Témiscamingue (AT), 2004.
Tableau 2. Importance de certains motifs justifiant la premiére migration selon la population d’appartenance des jeunes, 2004.
Tableau 3. Opinion sur le milieu d’origine selon la population d’appartenance des jeunes, 2004.
Tableau 4. Liens et rapports avec la famille d’origine selon la population d’appartenance des jeunes, 2004.
Tableau 5. Aspects des aspirations et valeurs des jeunes selon la population d’appartenance des jeunes, 2004.
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Resume:

L’article présente d’abord quelques jalons théoriques sur les rapports de la culture et des dynamiques interculturelles dans le processus de construction identi taire. Par la suite, les auteurs y traitent de la question de la migration interne des jeunes autochtones du Québec a partir de deux recherches sur le terrain, a savoir un corpus d’entrevues réalisées auprés d’une trentaine de jeunes Innus, Attikamekw et Algonquins (volet qualitatif) et un sondage mené auprés d’un peu plus d’une centaine de jeunes des trois mémes nations (volet quantitatif) a partir d’un questionnaire qui a été aussi appliqué aux jeunes Québécois. La construction identitaire des jeunes autochtones est liée a leurs rapports au territoire et a leur mobilité. Ces jeunes font face au défi de construiré leur identité dans une modernité qu’ils assument et désirent, mais aussi dans un contexte d’affirmation, de tensión et d’ambivalence qui est particulier aux valeurs de leur culture d’origine. Leur situation pourrait étre caractérisée comme un nouveau nomadisme qui met en jeu un va-et-vient entre les territoires d’origine et d’accueil, entre les valeurs de la communauté de provenance et la société ambiante, entre la langue maternelle et la langue de la majorité.

Mots-clés:
identité
valeurs traditionelles
nomadisme
affirmation collective
Abstract:

The article first presents some theoretical avenues seeking to analyse the impact of culture and intercultural dynamics on the process of identity building. The authors thereafter deal with the issue of internal migrations of Aboriginal youth in Québec using data from two field studies, i.e. a set of interviews of some thirty young Innus, Atikamekw and Algonquins (qualitative approach) and a survey of a little more than a hundred young people from these three nations done with a questionnaire that was also filled by young Quebecers (quantitative approach). Identity building among Aboriginal youth has to do with their mobility and their relationship to the land. These young people cope with the challenge of building their identity in a modernity they want and have to come to terms with, but also in a context of collective affirmation, conflict, and ambivalence that is distinctive of their community's culture. Their situation could be termed as a new nomadism characterized by a movement of going back and forth between a native place and a host place, between the valúes of the community and those of the neighbouring society, between the mother tongue and the language of the majority.

Keywords:
identity
traditional values
nomadism
collective affirnation
Texto completo
Introduction

Cet article porte sur la migration interne et le processus de construction iden ti taire des jeunes autochtones du Québec. Souvent partagés entre leur culture premiére et la culture québécoise (d’origine européenne), tiraillés entre des valeurs traditionnelles et d’autres plus modernes, les repéres dont les jeunes autochtones ont besoin ne sont pas fáciles a trouver dans ees départs qui remettent en question les acquis du milieu d’origine et en particulier la vie dans les reserves. Dans cette quéte d’identité, tant individuelle que collective, l’affirmation des peuples autochtones s’appuie sur une certaine réappropriation du territoire ancestral et sur la prise en charge, par des gouvernements autochtones, des destinées des populations en cause qui vivent des changements importants.

A cetégard, les négociations politiques qui ont mené a la signature 1’Approche commune du 31 mars 2004 n’ont peut-étre pas suffisamment tenu compte de ce que les jeunes ont a diré sur l’avenir des peuples autochtones. Dans les rapports au territoire qu’ils tissent sur fond de colonisation et de mondialisation, les jeunes autochtones du Québec cherchent a sortir de la reserve pour critiquer celle-ci, certes, mais surtout pour tenter de réinventer a la fois les territoires traditionnels et surtout a prendre leur place dans les villes oú ils revendiquent une reconnais-sance pour les peuples autochtones.

Au Québec,1 mais aussi ailleurs dans d’autres sociétés, cette construction iden ti taire est imbriquée dans un processus d ’affirmation des peuples autochtones en opposition aux politiques d’extinction développées par les gouvernements, Loi des Indiens (1876), perte de droits fondamentaux, création des reserves, tutelle fedérale, pensionnats, pauvreté systémique (Commission royale sur les peuples autochtones du Canadá, 1995; Gill, 1995).

L’analyse présentée ici s’inscrit dans le prolongement des enquétes menees par le Groupe de recherche sur la migration des jeunes au Québec2. Poser le probléme de la migration dans les sociétés contemporaines, y incluant les peuples autochtones, conduit a un questionnement sur la construction identitaire dans des dynamiques d’échanges interculturels (Commission royale sur les peuples autochtones du Canadá, 1995, vol. 4, chapitre 7- migration et urbanisation; Girard et Ntetu, 2006 et 2009; Girard, 1997b, Girard, Garneau et Fréchette, 2004; questions interculturelles: Girard, Gagné, 1995 ;Girard, 1997a; Turgeon, Delágeet, Ouellet, 1996; Espagne, Werner, 1988). Aprés avoir posé quelques jalons théoriques sur les rapports de la culture et des dynamiques interculturelles dans le processus de construction identitaire, nous présenterons un portrait de la mobilité des jeunes autochtones du Québec, puis une analyse de quelques éléments de leur identité a partir d’un corpus d’entrevues réalisées auprés d’une trentaine de jeunes Innus, Atikamekw et Algonquins (volet qualitatif) et d’un sondage mené auprés d’un peu plus d’une centaine de jeunes des trois mémes nations (volet quantitatif) a partir d’un questionnaire qui a été aussi adressé aux Québécois.

Culture et identité : peuples autochtones et dynamique culturelle

La culture — ou l’ensemble des faits de civilisation — ne peut étre cernee qu’en vertu de traits spécifiques a chaqué groupe humain (Girard, 1997b ; Retschtzki, 1989 ; Selim, 1986 ; Kurtness, 1983). Des son plus jeune age, chaqué individu fait l’apprentissage de d’éléments culturéis (langue, religión, mode de vie, etc) qui l’associent a son groupe. L’humain accapare ainsi un ensemble d’éléments qui lui permettront de s’insérer dans une certaine collectivité culturelle. En adoptant une maniere d’étre, les humains font a la fois des apprentissages spécifiques a leur condition humaine et a leur culture dans laquelle ils se construisent en quelque sorte une identité dans un milieu et autour de diverses influences (Akoun et Ansart, 1999 : culture, p. 125 ss ; identité, 263-264. Bonte et Izard, 1991, culture, 188 ss; Boaz, 116 ss).

Les rapports interculturels que chaqué culture vit dans un cadre plus ou moins ouvert, peuvent déboucher, a terme, sur un phénoméne d’acculturation et de déterritorialisation des identités et des appartenances, surtout lorsqu’une culture majoritaire s’impose. L’acculturation a d’abord une dimensión de contrainte : celle de la domination d’une culture sur une autre. Cependant, si ce concept est porteur d’un décloisonnement inégal entre les cultures, il s’inscrit aussi dans un processus d’échanges et de transferts complexes qui marquent toutes les cultures, méme celles qui affirment avoir « conquis ou découvert » les peuples autochtones des Amériques (Girard, Gagné, 1995, 3-15 ; Todorov, 1982, p. 72 ; Axtell, 1982, p. 246, 274). Dans ce contexte, lorsque le volume des emprunts et le rythme des novations s’accentuent, semblant des lors bouleverser en profondeur les sociétés d’origine, on peut definir l’acculturation comme l’ensemble des phénoménes qui résultent du contact direct et continu entre des groupes d’individus de cultures différentes avec des changements subséquents dans les types culturéis de l’un et l’autre groupe (Clapier-Valladon et Mannoni, 1991, p. 541; Sélim, 1986, p. 99). Ainsi considérée, « l’acculturation apparait soit comme une superposition d’éléments culturéis qui sont integres, soit comme une dépossession; elle s’inscrit tout autant comme facteur d’assimilation d’éléments étrangers a sa culture que comme une rupture véritable. »(Girard, 1997a;Girard, 1997b, p. 231;Maffesoli, 1997:75-76).

Les cultures autochtones, tout comme les autres cultures, sont influencées par le métissage et des processus de transferts culturéis (Clapier-Valladon et Mannoni, 1991). Devant les innovations et les progrés qui se multiplient a un rythme de plus en plus rapide, les cultures perdent leur systéme de référence et en viennent a ne plus assimiler les changements. Ce phénoméne, que nous appellerons a l’instar du spécialiste Jean Poirier (1991) la « dysculturation » affecte en profondeur mais de maniere inégale les sociétés, et en particulier certaines cultures, dont celles des peuples autochtones. Dans cette perspective, les individus et les groupes sont appelés a construiré leur identité dans ees rapports incessants d’échanges lies a la culture d’origine et aux rapports de proximité avec d’autres cultures (interculturalité), jouant soit a se replier sur sa culture ou a intégrer des éléments nouveaux a celleci (Girard, 1997b). Cela est d’autant plus vrai dans les mouvements migratoires internes qui favorisent une distanciation du milieu d’origine chez les jeunes migrants et une reflexión sur leur identité et leur culture d’origine.

Alors que l’idéologie de la globalisation semble inviter a s’intégrer á tout prix, l’insertion citoyenne dans les sociétés contemporaines ne peut se faire au détriment d’un questionnement profond des cultures et dans leur dynamique de rapports - intra, Ínter ou trans - culturéis. Cependant, il est souvent difficile pour un individu qui s’identifie a un peuple minoritaire, exclu, de trouver place a une affirmation positive de son identité a partir d’une culture premiére mal reconnue dans l’espace public (Eveno, 2003; Roy, 2002; Darou, Kurtness et Hum, 2000 ; Girard, 1997b; Collin, 1994; Roy, 1993 ; Larose, 1989; sur le Mexique, Bartolomé, 2006 ; Lartigue, Quesnel, 2003 ; Yanes, 2006). Dans cette quéte d’identité individuelle et collective, dans les crises de l’adolescence et de la jeunesse que vivent les jeunes adultes des Premieres Nations au Québec ou ailleurs, la reconnaissance et l’affirmation des peuples autochtones s’appuient sur une construction identitaire qui se déroule dans une tensión, voire une certaine marginalité ou exclusión qui invite a de nouvelles études sur la jeunesse dans les cultures minoritaires (Erikson, 1972. 162 ss; Marcia, 1966, Jaccoud, 1995; Xiberras 1993; Castel, 1994; Parazelli, 2002; Pérez Islas et Valdez González, 2003 et 2004).

Cette recherche sur la migration des jeunes donne la possibilité d’examiner la construction identitaire autour de la mobilité et des rapports au territoire qui se manifestent dans des groupes culturéis marginaux. A la faveur des déplacements, migrations, installations, retours, etc., qu’ils entreprennent et qu’ils multiplient souvent, ils semblent chercher a suivre les traces de leurs ancétres qui parcouraient de vastes étendues et se déplacaient sur des distances impressionnantes, tout en se projetant dans leur projet de vie qui se passe souvent dans la ville, ou tout est a re-construire mais a distance de son milieu d’origine. On peut ainsi parler d’un nouveau nomadisme au sens ou les jeunes autochtones explorent une nouvelle mobilité soit dans les villes de proximité ou les métropoles et ou, successivement, ils découvrent de múltiples espaces et des contextes d’habitation, des vies de quartiers, des cadres variés de relations amicales et familiales, de circonstances diversifiées d’acquisition de compétences et des lieux pluriels d’exercice d’une occupation ou d’une profession.

La mobilité, attrait pour le milieu d’accueil mais attachement au milieu d’origine : quelques réflexions sur la construction de l’identité á partir des données qualitatives3

Le volet qualitatif presenté ici permet de dégager certaines particularités concernant les jeunes des Premieres Nations. Les propos retenus permettent de nuancer et de préciser comment les jeunes autochtones ont des traits distinctifs méme s’ils s’inscrivent dans des mouvements typiques des autres jeunes qui ont participé a nos enquétes : affirmation de soi, proximité et distance du milieu d’origine, valeurs portees a l’éducation, au travail et a la famille.

Les jeunes autochtones quittent généralement leur milieu d’origine pour poursuivre des études ou pour travailler (Cousineau-Mollen, 2001; Croteau, 1991). Tous estiment que l’éducation est un moyen pour s’accomplir. Plusieurs voient aussi dans leur réussite scolaire, une fierté pour toute leur famille. Sous ce rapport, les filies semblent plus déterminées que les garcons a compléter leurs projets d’étude. Le départ coincide avec le désir de prendre une distance d’avec le milieu d’origine quitte a revenir sous certaines conditions. C’est l’occasion pour les jeunes de prendre une distance a la fois de leur famille immédiate, mais aussi d’un milieu de vie percu comme contraignant.

Néanmoins, si le départ est percu comme nécessaire, il n’en demeure pas moins que l’intégration dans les milieux d’accueil n’est pas facile. Quitter la reserve ou une petite ville pour aller vivre dans une grande ville, c’est, a la limite, comme aller vivre dans un pays étranger:

C’est comme si tu t’en vas d’un pays que tu connais puis tu t’en vas dans un pays étranger. C’est la méme chose, c’est deux mondes.. (INN-07, homme, 31 ans, étudiant, maítrise) Je voulais surtout partir de [petite ville] puis je suis déménagée a Hull vers la fin de l’été puis j’ai fréquenté le cégep la pendant toute la session de l’automne. Puis j’ai déménagé dans une petite chambre. [...] Quand tu viens de l’Abitibi puis que tu arrives en ville comme ca puis qu’il y a des voitures qui passent vite puis qu’il y a du monde partout, mais moi, je n’étais pas vraiment préparée a ca. (ALG-02, femme, 28 ans, travailleuse, cégep)

Dans le milieu d’accueil, les besoins sont souvent plus pressants pour les jeunes méres. L’entraide des amies permet de le dépanner. Cependant, c’est autour de divers organismes que les femmes trouvent les moyens de s’en sortir. Les centres d’amitié autochtones et les garderies sont privilegies par les jeunes méres autochtones qui vivent un stress considerable. La recherche de petits emplois remuneres permet de combler un budget de famille souvent insuffisant.

Oui, je me suis mis (sic) dans des organismes autochtones la [a Montréal]. Comme Terres en Vues [...] C’est une entreprise, je pourrais diré autochtone mais il n’y en a pas beaucoup la mais... [...] Oui, j’allais au centre d’amitié aussi. Je faisais partie de comités de jeunes la. (ALG-05, femme, 23 ans, travailleuse, secondaire)

Lors de ees départs, les jeunes découvrent a la fois leurs limites mais aussi leurs possibilités. En cela, les jeunes migrants de toutes les cultures se ressemblent. lis se découvrent a distance de leur milieu d’orieine. Le fait d’étre laissé a soi-méme dans un nouveau milieu permet a chacun de découvrir ses limites mais aussi des forces jusque-lá ignorées. En cela, l’expérience du départ est jugée comme positive.

J’ai découvert en dedans de moi que j’étais quelqu’un de débrouillard. Si j’aurais (sic) resté a [nom de la reserve], c’est sur que lá-bas, je sais pas ce que je serais devenu si j’aurais (sic) resté lá-bas. Ici, je me suis découvert, le monde m’ont découvert. [...] Quand je suis retourné lá-bas [milieu d’origine], j ’ai travaillé lá-bas, les gens ont commencé a me connaítre. (ATT-05, homme, 23 ans, travailleur, cégep)

Les jeunes ont un regard assez critique sur leur communauté d’origine tout en découvrant, une fois partis, que leur milieu de vie leur manque. Avec l’arrivée des enfants, les possibilités de retour sont envisagées. La remémoration des lieux et des temps oú toute la famille se retrouvait contribue a reconstruiré une image plus positive du milieu d’origine. Le retour peut ainsi étre envisagé.

C’est sur que j ’aimerais ca travailler pour les autochtones, faire quelque chose pour les enfants. Je sais pas, montrer c’est quoi la culture, y a pas assez de choses qu’on voit pour les enfants, comme le mien. Le mien, y s’en vient. Ca me manque beaucoup les ma\ushan (n.a. repas et féte traditionnels) [...] C’est pas icitte je pense que j’vas le trouver... (ATT-02, femme, 21 ans, travailleuse, cégep)

Pour d’autres, le départ reste difficile a assumer. A mesure que l’on vieillit, que la famille se cree et que l’insertion professionnelle s’accomplit en dehors de sa communauté, certains constats s’imposent au jeune adulte qui doit faire certains deuils.

C’est une partie de moi que j’avais laissée lá-bas. Sauf qu’aujourd’hui, je garde ca comme des beaux souvenirs. Je prends ca positif. Je m’ennuie... oui je m’ennuie. Quand je vais la, je fais mon possible pour faire le tour, de voir... toute la gang avant de partir. (ATT-13, homme 33 ans, travailleur, baccalauréat)

En définitive, si le départ s’inscrit dans une volonté d’améliorer sa condition par les études, le travail et le contact avec ses pairs, il reste qu’un choc culturel est vécu par les jeunes autochtones. Ce choc incite le jeune a remettre en question les valeurs de sa culture d’origine tout en jetant un regard critique sur sa culture d’accueil.

Le milieu d’origine des jeunes autochtones et la dynamique de construction de l’ldentité

Dans la famille autochtone, la famille élargie, plus particuliérement, les grands-parents jouent un role important. Les jeunes adultes interviewés ont parlé da-vantage des rapports qu’ils avaient eus avec leurs grands-parents plutot qu’avec leurs parents dans leur milieu d’origine. Les grands-parents interviennent dans l’éducation des jeunes, du moins durant l’enfance. La famille élargie aux parents, grands-parents, fréres, sceurs, oncles, tantes, cousins et cousines, constitue le noyau des liens communautaires du jeune autochtone.

Nous autres, c’était plus collectivité... avec mes fréres, mes sceurs. On jouait plus ensemble puis avec d’autres enfants aussi de la communauté surtout l’été quand on retournait aprés les écoles. (n.a. : Les jeunes de Kitcisakik sont scolarisés a Val-d’Or oú ils demeurent dans des foyers durant l’année scolaire). (ALG-10, femme, 29 ans, étudiante, cégep).

Certains problémes ont été soulevés eu égard a l’exigu’ité des maisons et a un certain manque d’intimité.

Je restáis chez ma grand-mére. A cóté de chez nous, il y avait deux de mes oncles. En face de chez nous, il y avait une tante. [...] Dans le village, on était sitúes proches proches. Chez ma grand-mére, il y avait deux de mes tantes qui restaient la, c’était vraiment serré. On était vraiment proches, ce qui se passait sous un toit se passait aussi sous l’autre toit parce qu’on finissait tout le temps par se promener d’une place a l’autre. (INN-04, femme, 23 ans, travail-leuse, secondaire)

On se plaint parfois que dans le milieu d’origine, il n’y « a rien a faire ». Cependant, la plupart des interlocuteurs ont affirmé avoir leur réseau d’amis autochtones.

Certaines activités organisées localement ont pour but de se réapproprier des éléments de sa culture traditionnelle. Les souvenirs les plus marquants concernaient les makushan (fétes et repas traditionnels), les danses, les priéres, les rites de passage auxquels les membres de la communauté sont associés. D’autres activités comme les Jeux autochtones qui regroupent les jeunes de différentes nations autochtones sont percues comme des temps privilegies pour élargir les réseaux d’amitié en milieu autochtone.

Qa, les Jeux, ca a commencé en 90. [...] C>est des communautés de partout, oest des rassemble-ments. [...] C>est les Jeux du Québec pour les jeunes. On avait mille jeunes qui arrivaient a Pointe-Bleue, ca fait que la, tu en connaissais, tu te faisais des chums a travers, a tous les soirs il y avait des partys. Ah! ca, oétait spécial! La, ca fait deux ans qu>il y en a pas pis je suis ben décue. (INN-04, femme, 23 ans, travailleuse, secondaire).

Méme si les jeunes fréquentent peu le territoire ancestral, ils estiment que ees territoires permettent de perpétuer leur culture traditionnelle. Lieux mythiques oú les pratiques traditionnelles peuvent se continuer autour des familles. Ce sont des lieux, loin des reserves, qui permettent un ressourcement. Les jeunes adultes désirent assurer une certaine transmission des valeurs traditionnelles a leurs enfants. II est évident que les jeunes autochtones fréquentent peu ees territoires, cependant, ils y sont fortement attachés.

Malgré cet attachement a leur culture, les jeunes restent ouverts au changement. Ils désirent poursuivre des études afín d’occuper des emplois si possible dans leur milieu d’origine. Cependant, pour retourner dans les communautés, les jeunes croient qu’il faut y trouver une certaine qualité de vie. Parmi les points négatifs soulevés, la rareté des emplois vient en premier lieu, mais aussi les problémes de consommation de drogue et d’alcool. Pour les femmes, la qualité deficiente de l’enseignement dans les écoles de certaines communautés pose probléme.

Les jeunes accordent une grande importance a leur milieu d’origine qu’ils considérent comme le lieu premier de construction de leur identité. Les valeurs associées a la famille, a la communauté, au territoire et a la nature, sont au centre des préoecupations des jeunes qui estiment que la transmission de ees valeurs apparait bien difficile pour les générations a venir.

L’identité autochtone en reconstruction

Les jeunes sont fiers de leur identité et de leur appartenance a leur culture d’origine autochtone. Plusieurs estiment d’ailleurs important de transmettre a leurs propres enfants cette culture. Par exemple, ce jeune Algonquin de 25 ans (travailleur, secondaire) nous explique, au sujet de sa toute jeune filie (2 ans), qu’il « veut qu’elle apprenne avant tout ma langue, ma langue a moi [l’algonquin] ».

Outre les questions des langues ancestrales et des pratiques traditionnelles dont la transmission reste fragüe, ce sont les liens avec les membres de la famille qui manquent le plus aux jeunes qui quittent leur milieu. Ainsi, s’ils pouvaient y trouver des conditions favorables a leur vie, les jeunes adultes retourneraient dans leur communauté pour se rapprocher des étres qui leur sont chers.

La fierté d’étre autochtone ne fait pas de doute parmi les témoignages recueil-lis. Par leur langue, leur rapport a la nature et a leurs territoires, par leur statut et leur appartenance a des nations autochtones, ils se considérent avant tout comme les membres de cultures distinctes. Dans ce contexte, les jeunes autochtones du Québec s’identifient d’abord a leur nation d’origine avant de signifier leur appartenance au Québec ou au Canadá.

Des jeunes qui se déplacent : l’éclairage des données quantitatives sur la construction de l’ldentité

Les jeunes constituent une population mobile. Sur ce plan, les jeunes des Premieres Nations du groupe centre et les jeunes régionaux du croissant périnor-dique du Québec se ressemblent (Leblanc, Girard, Cote, Potvin, 2003). Arrivés a l’adolescence et a l’áge adulte, ils sont nombreux a quitter la localité oú ils ont grandi pour s’installer dans une autre localité de leur región d’origine ou pour se diriger vers une autre región.4 En effet, au moment du sondage de 2004-2005, pas moins de 50% des jeunes autochtones interrogas ne vivaient pas dans leur municipalité d’origine (somme des migrants intrarégionaux et des migrants in-terrégionaux), ce qui était aussi le cas de pas moins de 58% des jeunes des trois régions retenues (Tableau 1). II est done intéressant de suivre le parcours de ees jeunes et de comparer les réactions de ees deux populations différentes. Une autre donnée du sondage illustre la mobilité qui conduit les jeunes a sortir de leur región d’origine : on constate, en effet, qu’une proportion de 24% des jeunes des Premieres Nations du groupe centre et de 28% des jeunes régionaux du croissant périnordique vivaient dans les milieux urbains de Québec et de Montréal au moment du sondage de 2004 (voir aussi Environics 2010 — Canadá ; Hohban 2009 sur Montréal). Ces installations en milieu métropolitain ne sont pas toutes définitives et on trouve plusieurs cas de réinstallation dans les communautés d’origine. Ce cas de figure de la migration de retour concerne environ un cinquiéme des jeunes présents dans l’échantillon (Tableau 1): ces jeunes avaient antérieurement effectué une migration dans une autre región — métropolitaine ou non, mais se trouvaient au moment du sondage installés dans leur región d’origine.

Tableau 1.

Comparaison des profils de migration des jeunes des Premieres Nations du groupe centre et des jeunes des régions de la Cóte-Nord (CN), du Saguenay Lao Saint-Jean (SLSJ) et de l’Abitibi-Témiscamingue (AT), 2004.

Profil de migrationJeunes périnordiques
Jeunes des Premieres Nations (groupe centre)  Jeunes des régions CN / SLSJ / AT 
Non-migrants  30  25 
Migrants intrarégionaux  16  14 
Migrants interrégionaux  34  44 
Migrants interrégionaux de retour  20  17 
Total  100  100 

N = 1093

La différence entre les deux groupes de jeunes n’est pas significative au plan statistique.

Ce ne sont pas tous les jeunes qui sont candidats a la migration. Environ un jeune sur quatre n’a jamáis quitté, méme temporairement, la localité oú il a grandi pour s’installer ailleurs. Les raisons qui expliquent la decisión de ne pas migrer sont múltiples, mais pour chacune d’entre elles il n’existe pas de différence significative entre les deux populations de jeunes. Les principales raisons invoquées par les jeunes sont la qualité de vie (mentionnée par 87% des jeunes non migrants), le désir de vivre prés de sa famille et de ses amis (82%) et la proximité avec la nature (76%).

Source: Sondage du Groupe de recherche sur la migration des jeunes CN
Le départ du foyer familial et la premiére migration

La majorité des jeunes ont eu l’occasion de quitter leur localité d’origine, certains pour se rendre dans d’autres localités de la méme región (migration intrarégionale) et certains pour aller s’installer dans d’autres régions (migration interrégionale). La premiére migration coincide assez souvent avec le départ du domicile des parents. Le sondage fournit l’áge de la décohabitation d’avec les parents. L’áge moyen est de 19 ans, mais il est sensiblement plus faible chez les jeunes des Premieres Nations (17 ans et 4 mois) que chez les jeunes régionaux (19 ans et 4 mois). Cet écart de deux ans, significatif au plan statistique, est important et il peut s’expliquer en partie par le fait que les jeunes autochtones, pour poursuivre leurs études, doivent s’éloigner assez tot de leurs parents, car l’offre scolaire est plus limitée en milieu autochtone qu’elle ne l’est dans le reste de la popula-tion. La réussite scolaire des jeunes autochtones passe beaucoup par les séjours a l’extérieur de leur communauté. Un autre facteur qui contribue a un départ plus hátif des jeunes autochtones du milieu familial est la formation des couples qui intervient relativement tot dans la vie des jeunes. Les lieux d’habitation sont parfois densément occupés dans les collectivités autochtones et les jeunes ont háte de prendre leur distance.

Les motifs associés á la premiére migration

La décohabitation peut s’effectuer sans donner lieu a une migration certes, mais il n’en reste pas moins que les deux phénoménes sont souvent associés. Si l’on considere les principaux motifs associés a la premiére migration (ces motifs pouvant s’additionner et n’étant done pas mutuellement exclusifs), on trouve la volonté d’améliorer ses perspectives d’avenir (énoncé choisi par 74% des jeunes) et l’impératif des études (69%). Ces deux motifs, qui recueillent une forte adhesión chez les répondants, appartiennent autant aux jeunes des Premieres Nations qu’aux jeunes régionaux. Deux motifs présentant des scores eleves sont davantage choisis par les jeunes autochtones : il s’agit du projet de vivre sa vie et de la recherche d’une bonne qualité de vie (Tableau 2). Dans les deux cas, les jeunes des Premieres Nations semblent plus avides de se réaliser par le canal de la migration que les autres jeunes.

Tableau 2.

Importance de certains motifs justifiant la premiére migration selon la population d’appartenance des jeunes, 2004.

Motifs associés à la première migration des jeunes  Jeunes des Premières Nations (groupe centre)  Jeunes des régions CN / SLSJ / AT 
 
Vivre sa vie     
Proportion des jeunes qui avancent ce motif  86  72 
Probabilité du chi-carré = 0,047 N = 764     
Avoir une bonne qualité de vie     
Proportion des jeunes qui avancent ce motif  81  48 
Probabilité du chi-carré = 0,000 N = 764     
Suivre les conseils des parents et des professeurs     
Proportion des jeunes qui avancent ce motif  30  11 
Probabilité du chi-carré = 0,003 N = 763     
À cause de problèmes familiaux     
Proportion des jeunes qui avancent ce motif  25 
Probabilité du chi-carré = 0,000 N = 764     
Pour éviter de se sentir victime de discrimination     
Proportion des jeunes qui avancent ce motif  19 
Probabilité du chi-carré = 0,000 N = 763     
Source : Sondage du Groupe de recherche sur la migration des jeunes

Certains autres motifs representent bien le sentiment des jeunes des Premieres Nations sur la migration. Sans qu’il ne s’agisse de motifs recueillant des scores tres eleves, ce sont des éléments a propos desquels le contraste entre les jeunes des deux populations est particuliérement marqué. Ces motifs concernent le fait de migrer en suivant les conseils des parents et des professeurs, de quitter sa localité d’origine en raison de problémes familiaux et de sortir de son milieu pour éviter de se sentir victime de discrimination (Tableau 2). II semble done qu’une partie des jeunes autochtones soient invites par les adultes qui comptent dans leur vie a envisager la migration comme voie de réalisation personnelle.

Par ailleurs, la présence de problémes familiaux apparait comme un facteur qui pousse le jeune a se distancier de son milieu. Enfin, une impression subjective de discrimination est nourrie par la perception que le milieu d’origine est source d’exactions et d’injustices. Cette croyance alimente la propensión a migrer chez les jeunes autochtones. C’est comme si la migration leur offrait une bouffée d’air frais pour leur permettre de mieux s’accomplir. Ces réponses traduisent, d’une part, un sentiment que le départ est un tremplin pour améliorer sa situation dans la vie et, d’autre part, un besoin d’affirmation plus grand des jeunes autochtones par rapport a leur milieu d’origine. S’éloigner de son milieu est vu comme un geste salutaire par plusieurs.

Une serie d’affirmations portant sur la premiére migration ont été soumises aux jeunes afín de mieux explorer leur état d’esprit a ce moment crucial de leur vie. Dans quelques cas, le degré d’appui accordé aux affirmations ne différe pas vraiment chez les jeunes des Premieres Nations et chez les jeunes régionaux. II s’agit par exemple des affirmations a l’effet que la migration s’expliquait par le fait queleprogrammed’étudeschoisine sedonnaitpas dans le milieu d’origine (57% des jeunes se disant beaucoup ou assez d’accord) ou encoré par l’aspiration a un autre style de vie (50%). Dans d’autres cas, les opinions des jeunes des Premieres Nations tranchent avec celles des jeunes régionaux. Par exemple, trois affirmations faisant partie du sondage recueillent un niveau d’appui systématiquement plus fort chez les jeunes autochtones que chez les jeunes régionaux : migrer parce que l’on a d’autres ambitions que les gens de son milieu d’origine (66% contre 33%), migrer parce que l’on trouve son milieu trop controlant (29% contre 9%) et, enfin, migrer parce que tout le monde est au courant de sa vie (29% contre 7%). Ces résultats montrent que les jeunes autochtones sentent une pression quelque peu étouffante provenant de l’intérieur de leur milieu et la migration devient un moyen d’échapper aux contraintes qu’ils y percoivent.

Le contexte entourant la premiére migration

Le sondase a cherché a cerner certains éléments du contexte entourant la premiére migration des jeunes. En particulier, il a été possible de connaitre le niveau des établissements fréquentés par ceux qui se sont déplacés pour pour-suivre leurs études. Chez les jeunes des Premieres Nations, il s’agissait surtout de fréquenter des établissements secondaires (35%) et collégiaux (65%), alors que les jeunes régionaux se sont principalement déplacés pour suivre des études collégiales (55%) et universitaires (37%). L’état des ressources éducatives dans les communautés autochtones pousse les jeunes a partir de leur localité plus tót (age moyen 17 ans et 8 mois) que les jeunes régionaux (age moyen de 19 ans et 2 mois), ce qui représente une différence non négligeable (et significative au plan statistique) d’un an et demi.

La situation financiére au moment de la premiére migration a été percue de facón plus positive par les jeunes régionaux (62% la jugeant bonne) que par les jeunes des Premieres Nations (47%). Les principales sources de revenus au moment de la premiére migration laissent paraitre des différences importantes entre les deux populations (Graphique 1). Les jeunes autochtones ont proportion-nellement plus recours aux paiements de transferí (assurance-emploi, sécurité du revenu et allocations familiales) et aux préts et bourses, tandis que les sources comme le soutien des parents, les revenus de travail et les économies accumulées concernent, en proportion, davantage de jeunes régionaux.

Graphique 1.

Répartition en pourcentage des sources de revenu lors de la première migration selon la population d’appartenance des jeunes, 2004.

N.B. : Les sources de revenus sont cumulables et ne représentent pas des catégories mutuellement exclusives. N = 761.

(0,06MB).
Source : Sondage du Groupe de recherche sur la migration des jeunes

Pour conclure cette partie sur le contexte de la migration, il y a beaucoup de ressemblances dans le processus migratoire des jeunes, qu’ils soient autochtones ou non. Plusieurs doivent s’éloigner de leur milieu pour les études. Cependant, les jeunes autochtones connaissent une situation financiére moins avantageuse que les autres jeunes.

Les liens et les rapports avec le milieu d’origine

La perception que les jeunes ont de leur milieu d’origine peut conditionner leur mobilité tant dans la volonté de quitter le milieu d’origine que celle d’y revenir. D’une facón genérale, on constate a la lecture du Tableau 3 que les jeunes des Premieres Nations ont une perception plus négative de leur milieu d’origine que les jeunes des régions.

Tableau 3.

Opinion sur le milieu d’origine selon la population d’appartenance des jeunes, 2004.

Concernant le milieu d’origine  Jeunes des Premières Nations (groupe centre)  Jeunes des régions CN / SLSJ / AT 
 
Intérêt pour ce qu’il va devenir     
Proportion des jeunes qui se disent très ou assez intéressés  42  73 
Probabilité du chi-carré = 0,002 N = 443     
Les décideurs ne bougent pas assez vite     
Proportion des jeunes qui sont en accord avec l’affirmation  76  63 
Probabilité du chi-carré = 0,046 N = 1 038     
Les gens n’ont pas le sens de l’entraide     
Proportion des jeunes qui sont en accord avec l’affirmation  30  13 
Probabilité du chi-carré = 0,003 N = 1 082     
Source : Sondage du Groupe de recherche sur la migration des jeunes

La différence la plus notable — plus de 30 points de pourcentage séparant les deux groupes — concerne l’intérét pour le devenir du milieu d’origine. Si prés de trois jeunes sur quatre des régions (73%) se disent intéressés par l’avenir de leur milieu d’origine, c’est moins d’un jeune sur deux des Premieres Nations (42%) qui dit la méme chose. Les jeunes des Premieres Nations estiment aussi plus fortement que les décideurs ne bougent pas assez vite. De plus, un peu moins d’un jeune autochtone sur trois (30%) affirme que les gens de leur milieu d’origine n’ont pas le sens de l’entraide. Bien que ce ne soit pas une majorité des jeunes des Premieres Nations qui disent cela, c’est quand méme 17% de plus qui le font comparativement aux jeunes des régions (13%).

Cette perception plus négative du milieu d’origine par les jeunes des Premieres Nations est sans doute a mettre en lien avec les conditions de vie plus difficiles qu’ils y connaissent. Deja nous avons vu que la premiére migration était motivée par la recherche d’une meilleure qualité de vie.

Les liens et les rapports avec la famille d’origine

Parmi les jeunes des Premieres Nations interrogas, 22% résident en perma-nence chez leurs parents (Tableau 4), alors que, chez les jeunes des régions, ce pourcentage est de 15%. Le peu de logements en milieu autochtone explique cette situation en partie. II est en effet plus facile pour les jeunes des régions de se trouver un logement qui leur est propre lorsqu’ils décident de demeurer dans leur milieu d’origine ou de revenir y vivre aprés un épisode migratoire. A l’inverse, la qualité moindre des logements, la situation de surpeuplement des logements et la promiscuité avec les parents expliquent aussi sans doute que les problémes familiaux soient relies plus fortement avec les raisons de la migration chez les jeunes des Premieres Nations lorsqu’on les compare avec les jeunes des régions.

Tableau 4.

Liens et rapports avec la famille d’origine selon la population d’appartenance des jeunes, 2004.

  Jeunes des Premières Nations (groupe centre)  Jeunes des régions CN / SLSJ / AT 
 
Réside en permanence chez ses parents     
Proportion de réponses positives  22  15 
Probabilité du chi-carré = 0,144 N = 1 093     
A présentement de la parenté dans la ville où il demeure     
Proportion de réponses positives  86  72 
Probabilité du chi-carré = 0,02 N = 1 092     
S’est établi au lieu actuel à la suite de problèmes familiaux     
Proportion des jeunes qui sont en accord avec l’affirmation  14 
Probabilité du chi-carré = 0,028 N = 762     
Dans les premiers temps, avait de la parenté au lieu actuel de résidence     
Proportion des jeunes qui sont en accord avec l’affirmation  75  57 
Probabilité du chi-carré = 0,028 N = 762     
Source : Sondage du Groupe de recherche sur la migration des jeunes

La famille demeure toutefois importante dans la vie des jeunes. D’une facón genérale, 73% déclarent avoir de la párente dans la ville oú ils demeurent et 59% disent avoir eu de la párente dans les premiers temps au lieu actuel de résidence. Ce sont les jeunes autochtones du groupe centre de notre enquéte qui entretiennent davantage ees liens familiaux. Ainsi, bien que les relations avec la famille proche semblent plus difficiles pour les jeunes autochtones et expliquent leur départ du foyer familial, la párente reste toutefois plus présente dans leur vie que dans celle des jeunes des régions.

L’implication des jeunes

Nous avons vu que les jeunes des Premieres Nations estimaient plus fortement que les jeunes des régions qu’il n’y avait pas de place pour eux dans leur milieu d’origine. Toutefois, c’est prés des deux tiers des jeunes autochtones (63%) qui disent prendre tres souvent ou assez souvent des responsabilités dans leur milieu, tandis qu’ils ne sont que 47% a le faire parmi les jeunes des régions. Cette question portant sur les responsabilités visait le milieu de vie des jeunes : pour certains, il pouvait s’agir du milieu d’origine et, pour d’autres, du milieu d’accueil. Si l’on examine les domaines d’implication des jeunes (Graphique 2), cette implication est la plus élevée dans les domaines du social, des loisirs, des sports et de la culture et ce tant pour les jeunes des Premieres Nations que pour les jeunes des régions.

Graphique 2.

Participation active à la réalisation de projets selon la population d’appartenance des jeunes, 2004.

Probabilité du chi-carré varie entre 0,001 et 0,05; N varie entre 1 090 et 1 092 (selon les domaines d’implication).

(0,05MB).
Source : Sondage du Groupe de recherche sur la migration des jeunes.

Dans tous les domaines, les jeunes autochtones sont toujours plus fortement impliques que les jeunes des régions. Lorsque l’on compare les deux populations, on remarque que des écarts particuliérement importants se retrouvent dans les domaines du tourisme (39% contre 14%), de la culture (51% contre 28%) et de la politique (20% contre 10%). Cela nous semble refléter les enjeux identitaires auxquels sont confrontes les jeunes des Premieres Nations. La préservation de leur culture, la valorisation de leur mode et de leur milieu de vie ainsi que les revendications politiques imprégnent fortement leur quotidien.

Aspirations et valeurs

Selon les résultats consignes au Tableau 5, le départ du foyer familial et la premiére migration sont, chez les jeunes des Premieres Nations, plus motives par la volonté d ’améliorer leurs conditions de vie (73%) et par la perspective d ’une augmentation de leurs chances dans la vie (85%) que ce n’est le cas chez les jeunes des régions (scores inférieurs de 30 et de 20 points de pourcentage). Dans le méme ordre d’idées, il y a aussi un désir d’échapper a la routine du quotidien (65% contre 35%) et une volonté de changement (41% contre 18%) qui se manifestent avec plus de forcé chez les jeunes autochtones.

Tableau 5.

Aspects des aspirations et valeurs des jeunes selon la population d’appartenance des jeunes, 2004.

  Jeunes des Premières Nations (groupe centre)  Jeunes des régions CN / SLSJ / AT 
 
Avoir une bonne qualité de vie comme raison du départ du foyer familial     
Oui  73  43 
Probabilité du chi-carré = 0,000 N = 973     
Augmenter ses chances dans la vie comme motif de la première migration     
Proportion des jeunes qui ont dit « beaucoup et assez »  85  65 
Probabilité du chi-carré = 0,011 N = 763     
Sortir de la routine comme motif de la première migration     
Proportion des jeunes qui sont en accord avec l’affirmation  65  35 
Probabilité du chi-carré = 0,001 N = 762     
Choix entre stabilité et changement comme valeur personnelle qui l’emporte sur l’autre     
Proportion des jeunes qui choisissent le changement  41  18 
Probabilité du chi-carré = 0,001 N = 1 089     
Choix entre « vivre avec les autres » et « vivre de façon indépendante » comme valeur     
Proportion des jeunes qui ont dit « vivre de façon indépendante »  57  39 
Probabilité du chi-carré = 0,026 N = 1 090     
Choix entre « s’impliquer dans son entourage » et « vivre en solitaire » comme valeur     
Proportion des jeunes qui ont dit « vivre en solitaire »  31  18 
Probabilité du chi-carré=0,051) N = 1 089     
Source: Sondage du Groupe de recherche sur la migration des jeunes

D’autres constats (Tableau 5) sont dignes de mention, notamment que les jeunes des Premieres Nations sont plus enclins que les jeunes des régions a affirmer leur indépendance (57% contre 39%) et a accepter de vivre une certaine solitude (31% contre 18%). II est certain que la migration comporte pour les jeunes autochtones un certain éloignement par rapport a leur famille élargie. Cela converge avec l’affirmation de leur autonomie et avec la volonté de se distancier de leur milieu d’origine. Cela correspond aussi a une insatisfaction par rapport a la vie actuelle et a une aspiration a un avenir meilleur.

Nous sommes ici en présence des caractéristiques psychologiques et sociales de personnes qui ont vécu le passage d’un style de vie plus traditionnel a un style de vie plus moderne oú les traits dominants lies a l’affirmation de soi, a l’indépendance de pensée par rapport a son milieu et la confiance en soi sont des caractéristiques de base (Kurtness, 2007).

Langues

La langue est souvent considérée comme un marqueur identitaire. Pour les jeunes autochtones, qui n’ont pas tous grandi dans une reserve et dont un certain pour-centage n’a pas non plus le statut d’Indien inscrit (voir Annexe méthodologique), la langue ancestrale a parfois été reléguée au second plan ou méme perdue. Né-anmoins, 31% des jeunes interrogas ont une langue autochtone comme langue maternelle et 6% l’utilisent comme langue principale a l’extérieur de la maison. Par comparaison, les jeunes des régions ont le francais comme langue maternelle dans une proportion de 98% et utilisent principalement cette langue en dehors de la maison dans une proportion de 96%. En ce qui concerne les conjoints des jeunes des Premieres Nations, leur langue est le francais dans 60% des cas et une langue autochtone dans 14% des cas. Pour les jeunes des régions, la langue du conjoint est le francais dans 96% des cas. La continuité linguistique est done plus grande pour les jeunes régionaux que pour les jeunes autochtones qui doivent composer avec d ’autres langues pour mener leurs rapports avec la société ambiante.

Au terme de l’examen des résultats du volet quantitatif de notre enquéte, nous pouvons affirmer que, a beaucoup d’égards, les jeunes autochtones et les jeunes régionaux ont des réactions identiques et que, par conséquent, le processus de la construction identi taire n’est pas, a la base, radicalement différent dans les deux populations. Ceci dit, la comparaison entre les deux échantillons a permis de dégager certains traits par lesquels les jeunes autochtones se singularisent. Ces particularités colorent fortement leur construction identi taire. Ilsuffitde rappeler les points suivants : la précocité des expériences, notamment la mise en couple ; la volonté d’indépendance et d’autonomie vis-á-vis un milieu porteur de contraintes et percu comme étouffant sous certains aspeets ; la forte sensibilité aux dimensions symboliques de l’héritage recu des générations antérieures se traduisant par une implication conséquente dans des domaines tels que la culture, la politique et le tourisme ; l’importance preponderante des relations familiales dont les jeunes cherchent a se distancier, mais qui oceupent en méme temps un espace affectif important dans leur vie et structurent de facón consistan te leurs rapports avec les autres ; l’obligation de composer avec plusieurs langues au quotidien.

Conclusión

Par l’analyse de deux corpus de données qualitatives et quantitatives portant sur la migration des jeunes autochtones au Québec, ce texte visait a cerner le processus de la construction identi taire chez ces jeunes a travers les dynamiques de l’échange interculturel qu’implique le fait de se déplacer dans l’espace. Si le matériel qualitatif a surtout permis de mettre en lumiére le discours des jeunes autochtones quant a leur mobilité et aux impacts que cette derniére a sur leur vie et leur construction iden ti taire, les résultats du sondage de 2004-2005 ont, quant a eux, fait voir des ressemblances et des différences entre ees autochtones et les jeunes des régions du croissant péri-nordique du Québec.

Le phénoméne de la migration des jeunes adultes autochtones est apparu plus récemment au Québec (années 1980) que dans l’ouest du Canadá (depuis les années 1960-1970). Dans l’Ouest canadien, ils en sont a une troisiéme généra-tion a vivre en ville, alors qu’au Québec, les autochtones en sont aux premieres générations. Aussi, cet état de fait explique que les liens familiaux et avec les communautés d’origine demeurent tres structurants pour une majorité d’entre eux ; on peut observer cette situation dans les villes en périphérie ou a proximité des communautés, spécialement celles qui ont le statut de « reserves ». On constate une différence avec ce qui a été observé dans l’Ouest: lá-bas les autochtones migrent principalement dans les grands centres urbains, tandis qu’au Québec, mais cela reste a documenter de facón plus méticuleuse, la population autochtone urbaine qui migre va demeurer la plupart du temps dans les régions et villes moyennes limitrophes oú elle a les avantages de la ville (qualité de vie) sans les inconvénients de la « reserve » (promiscuité, violence, insécurité, népotisme, pauvreté, désintégration sociale, etc.) ou de la grande ville (isolement, perte de réseaux, exclusión sociale).

Par ailleurs, si nous considérons la croissance démographique galopante des jeunes des Premieres Nations (le double de la population canadienne en moyenne), l’application de la loi C-31 qui permet un recouvrement du statut autochtone pour les femmes ayant épousé des « Blancs » ainsi que les dispositions de l’arrét Mclvor (9 avril 2009, Cour d’appel de la Colombie-Britannique) qui permet un recouvrement de statut pour les proches (par exemple, les cousins et cousines), sans oublier l’attrait des services que peuvent offrir les villes ou les centres mét-ropolitains, nous pouvons prédire, sur la base de l’expérience de l’Ouest canadien notamment, qu’il y aura une accélération de la mobilité et de la migration des jeunes dans les années a venir. Les communautés autochtones oú la qualité de vie laisse le plus a désirer pourraient étre davantage touchées par ce phénoméne. Les questions identitaires pourraient s’y poser de facón plus accentuée.

En ce qui a trait a leur processus de construction identitaire, les jeunes autochtones présentent des différences notables par rapport aux jeunes Québécois. Leur défi est de construiré leur identité dans une modernité qu’ils assument et désirent, mais aussi dans un contexte d’affirmation, de tensión et d’ambivalence qui est particulier aux valeurs de leur culture d’origine. Leur situation pourrait étre caractérisée comme un nouveau nomadisme qui met en jeu un va-et-vient entre les territoires d’origine et d’accueil, entre les valeurs de la communauté de provenance et la société ambiante, entre la langue maternelle et la langue de la majorité « blanche ». A distance de leur milieu d’origine et dans la ville imper-sonnelle, les jeunes autochtones peuvent se permettre de repenser leur société d’origine. Les individus font l’expérience d’une transculturation oú ils cherchent a intégrer des valeurs contemporaines sans renoncer a leurs propres valeurs. Aux deux extrémités du spectre, on peut observer des postures qui véhiculent leur lot de difficultés : a un extreme, certains se tournent vers une sorte d’idéal tradition-nel, alors qu’á l’autre extreme, plusieurs optent résolument pour la modernité et essaient de prendre appui sur des valeurs sociales et économiques typiques de la société québécoise. Malgré toutes ees difficultés, la circulation dans l’espace, dans les cultures et dans les réalités sociales différentes éveille les capacites de traduction et de réinterprétation des enjeux culturéis qui permettent aux individus d’intégrer le nouveau tout en conservant le meilleur de l’ancien.

Les données de notre enquéte qualitative nous permettent de voir que les rapports que les jeunes autochtones entretiennent avec leurs parents, et done leur culture premiére, semblent étre médiatisés par les liens privilegies qui sont entretenus avec les grands-parents, les tantes ou les oncles. Sous ce rapport, les anciens viennent jouer un role important dans le transferí intergénérationnel, particuliérement dans la transmission des valeurs aux jeunes. C’est a travers cette filiation avec ceux qui les ont precedes que les jeunes cherchent a rétablir les ponts avec leur milieu d ’origine. Les jeunes que nous avons rencontrés se distinguent des générations autochtones qui les ont precedes puisqu’ils cherchent a reconstruiré leur identité a partir d’un territoire beaucoup plus large que le territoire traditionnel qui est généralement associé a la reserve et aux territoires de chasse et de peche (Girard, 1997a;Girard, 2003;Girard, Bourassa et Tremblay, 2003; Girard, Garneau et Fréchette, 2003). Parce qu’ils sont soumis a des repéres d’identification qui sont en mutation (réseaux sociaux, cultures, langues, modeles de valeurs et de comportements différents), un nouveau rapport au territoire « autochtone » constitue un enjeu important pour le maintien de l’identité des nations autochtones au Québec. Chez les jeunes que nous avons étudiés se manifesté toujours la nécessité de maintenir une identité d’origine et cela malgré la fragilité d’une reconstruction qui se fera autour de fragments identitaires et dans une certaine marginalité (ici la ville). II s’ensuit sans doute des problémes d’insertion sociale et culturelle (Girard, 1997a; 1997b) qui auront pour effet d’accroitre les tensions et le stress. Peut-étre fautil le voir comme un passage obligé.

A cet égard, les travaux de Oehmichen Bazán (2003) sur les peuples autochtones de la ville de México ainsi que ceux de Lartigue, Quesnel (2003) ou de Bartolomé (2006) sur l’identité mériteraient d’étre mieux connus en dehors du Mexique. Ces con tribu ti ons autour d’une réalité autochtone complexe et différ-ente qui implique une importante population autochtone qui vit dans les villes, apportent des éléments importants sur le plan tant empirique que théorique sur les peuples autochtones actuéis (dynamiques migratoires, ville et lieu d’accueil, rapports centre-périphérie, dynamiques culturelles et identité).

D’autres recherches sur les modes d’organisation des peuples autochtones dans la ville mériteraient une plus grande attention. Méme s’il n’y a pas de politiques publiques officielles sur les questions autochtones, soulignons de maniere sommaire et non exhaustive quelques organismes qui favorisent l’insertion des autochtones dans la ville... Dans les universités québécoises se retrouvent des associations étudiantes et des centres autochtones (Nikanite a l’UQAChicoutimi, UQAbitibi, Université Laval - CIERA et regroupement des étudiants des Premieres Nations). Les Centres d’amitiés autochtones favorisent aussi l’accueil des jeunes dans les villes autour de divers projets. Au Québec, 10 Centres d’amitié autochtones implantes dans les villes sont présentement en développement. L’Alliance autochtone du Québec (AAQ) qui regroupe des Indiens hors reserve et sans statut s’occupe d’habitation en milieu urbain et de développement économique. Des Conseils de développement économiques existent aussi sur le plan national et souvent a l’échelle lócale. Enfin, des régimes de bénéfices autochtones se mettent en place pour la gestión des régimes de retraite et ou d’assurances collectives pour les Premieres Nations.

Les jeunes autochtones qui ont participé a notre étude font le pari de construiré leur identité au confluent de divers espaces transitionnels empruntant a la fois a la modernité et a la tradition, aux milieux naturel, rural et urbain. Tout se passe comme si ces jeunes qui s’identifient aux nations autochtones utilisaient tous les territoires ou se déploie leur expérience comme espaces de jeu pour reconstruiré leur identité d’origine, retisser des liens affectifs avec leurs proches et leur culture premiére. lis le font, dans plusieurs cas, a partir de nouvelles valeurs souvent marquées par la vie urbaine.

On assiste done a une inevitable mise en rapport, souvent critique, du dedans et du dehors concernant les territoires, les univers culturéis, les habitudes, les valeurs. Les jeunes autochtones essaient de tirer le meilleur parti des tensions qu’ils vivent au quotidien. II est évident que la situation actuelle de développement économique des communautés autochtones laisse peu d’espoir aux jeunes. Plusieurs envisagent ainsi leur avenir en dehors de leur communauté d’origine tout en cherchant á concilier et á perpétuer les valeurs de leur culture autochtone dans la ville. Cela pose des défis pour les Etats-Nations et pour les peuples autochtones tant du Québec que du Canadá ou des Amériques.

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Depuis 1985, le gouvernement du Québec a reconnu officiellement le statut des Premieres Nations et des Inuits sur son territoire. La Constitution du Canadá a reconnu en 1982 les peuples autochtones sur le territoire canadien.

II s’agit d’une recherche menee parle Groupe de recherche sur la migration des jeunes (GRMJ), sous la direction de Madeleine Gauthier. II regroupe des professeurs du réseau des Universités du Québec, de l’Université de Sherbrooke et de l’Université d’Ottawa. L’étude a été financée par le FODAR (Université du Québec), le Fonds FCAR, les CRD, les CRCD, Emploi-Québec, le Secré-tariat a la jeunesse, le ministére des Régions et le ministére de la Solidante sociale du gouvernement du Québec ainsi que par le CRSH (Alliance Recherche universités-communautés). L’UQAC a contribué a cette recherche via son comité de liaison institutionnel (CLI) et son comité de perfectionnement long. Un merci s a Gervais Tremblay, Cari Brisson, géographe, UQAC, Christiane Grenon, Edith Gagné (prof. Cégep Saint-Félicien) Anne Cazin, UQAT, Lise Gilí (Mashteuiatsh) ; Véronique Petiquay, étudiante atikamek et Stéphane Savard, Innu, pour leur participation dans la cueillette des témoignages auprés des jeunes de leur communauté.

Dans ce volet qualitatif, l’expérience des jeunes des Premieres Nations a été recueillie sur le terrain au moyen d’entrevues semi-dirigées. Ces témoignages ont été recueillis en 2001 et 2002 auprés de 33 jeunes adultes d’origine autochtone ages de 18 a 34 ans. Un peu plus de la moitié de ces jeunes vivaient dans leur communauté d’origine a l’áge de 15 ans, les autres demeurant a ce méme age dans des villes proches de leur communauté, La Tuque, Sept-Iles, ou Val-d’Or par exemple. Parmi les jeunes interviewés, 13 s’identifiaient a la nation atikamek, 9 a la nation innue et 11 a la nation algonquine; 15 jeunes étaient de sexe masculin et 18 de sexe féminin.

Dans ce volet quantitatif, les données proviennent d’un sondage réalisé en 2004-2005 par le GRMJ. Une comparaison entre jeunes autochtones et jeunes Québécois fournit une toile fond qui permet de saisir certaines particularités des j eunes autochtones. L’échantillon des j eunes autochtones est composé de 112 personnes se déclarant appartenir aux nations de ce qu’il est convenu d’appeler le « groupe centre » des autochtones au Québec (24 Atikamekw, 34 Algonquins et 54 Innus). Les quatre cinquiémes de ees personnes sont des Indiens inscrits. Un peu moins de la moitié de ees personnes résidaient dans une reserve au moment du sondage. Les jeunes régionaux, qui servent de base de comparaison avec les jeunes autochtones dans cette partie de l’article, composent un échan-tillon de 981 jeunes originaires de trois des régions de ce qu’il est convenu d’appeler le « croissant périnordique » du Québec (271 jeunes de la Cóte-Nord, 344 jeunes du Saguenay Lac-Saint-Jean et 366 jeunes de l’Abitibi-Témiscamingue). Le corpus d’ensemble comprend done 1 093 jeunes. Des explications plus détaillées sur la méthodologie de ce sondage sont données dans Gauthier, LeBlanc, Cóté, Deschenaux, Girard, Laflamme, Magnan et Molgat (2006).

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