Mémoire original
Évaluation des pratiques de prévention du risque infectieux après arthroplastie totale de genouInfection risk prevention following total knee arthroplasty

https://doi.org/10.1016/j.rcot.2009.11.005Get rights and content

Résumé

Introduction

L’infection sur matériel prothétique est grave. Les mesures de préventions du risque infectieux sont impératives et doivent être évaluées. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’incidence des infections profondes du site opératoire (IPSO) survenues dans l’année après pose d’une prothèse totale de genou (PTG). L’observance de la préparation cutanée et de l’antibioprophylaxie chirurgicale (ATBP), ainsi que le dépistage et la prévention en cas de portage de S.aureus résistant à la méthicilline (SARM) a été évalué.

Hypothèse

Les mesures de prévention et leur observance ont un impact sur la réduction du risque infectieux après PTG.

Matériel et méthode

Il s’agit d’une enquête d’incidence prospective des IPSO sur PTG en implantation primaire (série continue de 364 interventions) réalisées du 1er décembre 2005 au 31 décembre 2006 hors reprises aseptiques et septiques chez 359 patients. Chaque prothèse était surveillée pendant 12 mois. L’observance des pratiques a été évaluée par des enquêteurs indépendants. L’ATBP était évaluée, un score de préparation cutanée coté sur 10 (SPCO) était calculé, un dépistage de portage de SARM était systématique et les actions de prévention évaluées en cas de portage avéré. La durée médiane de surveillance était de 12 mois. Un contact téléphonique a été réalisé auprès des patients pour lesquels la durée de surveillance était inférieure à 11 mois. L’âge médian était de 72 ans (min 75 – max 92). Quatre-vingt-sept pour cent des patients avaient un score ASA 2, 14 % étaient diabétiques et 42 % obèses. La durée moyenne d’intervention était de 70 minutes (min 30 – max 164). 81,5 % des prothèses étaient cimentées. Le score du NNIS était de 0 pour 86 % des interventions. Le risque infectieux lié à l’environnement et aux équipes chirurgicales au bloc opératoire était maîtrisé.

Résultats

Quatorze patients ont été perdus de vue et exclus. Le taux d’incidence des infections était de 1,4 % (cinq sur 350) (IC 95 % [0,41–3,22]). Trois infections étaient précoces (inférieur ou égal à un mois), deux polymicrobiennes. L’ATBP était correctement appliquée dans 99 % des cas, le score PCO coté à 8,75 dans 61 % et 10 dans 39 % des cas. 2,5 % des patients étaient porteurs de SARM, aucun n’a développé d’infection. Les mesures de prévention en cas de portage n’étaient appliquées que dans la moitié des cas. Aucun des patients porteurs n’a développé une IPSO.

Discussion

Le taux d’incidence des IPSO dans cette série est faible mais certainement sous-estimé. Notre évaluation montre la bonne application des protocoles de prévention du risque infectieux, le caractère aléatoire de la survenue d’une IPSO, indépendante des critères d’observance de ces protocoles (antibiothérapie, préparation cutanée, portage de SARM).

Conclusion

Notre hypothèse de travail n’est pas vérifiée. Ce travail s’inscrit dans le cadre des obligations qui s’imposent aux établissements de soins et constitue une approche incontournable dans le cadre de l’expertise médicolégale.

Type d’étude

Étude prospective de cohorte. Niveau IV.

Introduction

L’infection sur matériel prothétique est particulièrement grave au regard des conséquences en termes de morbidité et de coût [1]. Les mesures de préventions du risque infectieux sont codifiées et font l’objet de recommandations de bonnes pratiques [2]. Leur évaluation doit être intégrée en pratique quotidienne [3] et faire l’objet d’évaluation des pratiques professionnelles.

Les objectifs de notre étude étaient de mesurer l’incidence des infections profondes du site opératoire (IPSO) après pose d’une prothèse totale de genou (PTG) et d’évaluer l’observance des mesures de prévention du risque infectieux portant sur la préparation cutanée de l’opéré, l’antibioprophylaxie chirurgicale, le dépistage et la prise en charge en cas de portage de staphylocoque doré résistant à la méthicilline (SARM). Des actions correctives étaient alors proposées si nécessaire.

L’hypothèse de notre travail était d’affirmer que l’application des mesures de prévention du risque infectieux et leur bonne observance réduisait l’incidence des IPSO après la pose d’une PTG.

Section snippets

L’enquête d’incidence des IPSO

Il s’agit d’une enquête d’incidence prospective des IPSO après arthroplastie du genou portant sur une série continue de 364 interventions réalisées du 1er décembre 2005 au 31 décembre 2006 à la polyclinique du Parc de Saint-Saulve (Nord). Après cette période d’inclusion de 13 mois, une surveillance postopératoire de 12 mois était réalisée pour chaque intervention.

L’implantation primaire avec ou sans antécédents chirurgicaux était le critère d’inclusion des interventions retenues. Les reprises

Incidence et description des IPSO

Un suivi supérieur ou égal à 12 mois a été réalisé pour 78,5 % (286 sur 364) des patients. Un contact téléphonique a été réalisé pour les 78 patients dont la durée de surveillance était inférieure ou égale à 11 mois avec un retour d’information dans 82 % des cas (64 sur 78) (répondants ou décès). Aucune IPSO n’est en cause dans les décès. Dans 14 cas sur 78, aucune information n’était disponible (Fig. 1) : ils ont été exclus du calcul du taux d’incidence des IPSO.

Le dénominateur retenu pour

Discussion

Ce travail s’inscrit dans le cadre des obligations qui incombent aux établissements de soins par rapport à la mise en œuvre des stratégies de surveillance et de prévention du risque infectieux, plus particulièrement en chirurgie. Nous sommes tenus de produire des indicateurs de surveillance selon une méthodologie reconnue, souvent dans le cadre de réseaux de surveillance (INCISO). L’autre versant consiste à évaluer l’application des recommandations de bonnes pratiques.

Il s’est agi, pour notre

Conclusion

Nous ne pouvons pas répondre à l’hypothèse de départ compte tenu des limites de l’interprétation épidémiologique due aux effectifs restreints des patients infectés et des problèmes posés par la surveillance postopératoire. L’application imparfaite des recommandations, en particulier lors de la préparation cutanée, le portage de SARM, ne semblent pas générer un risque supplémentaire. Cependant, les points faibles soulignés par l’évaluation sont peut-être anecdotiques à partir du moment où la

Conflit d’intérêt

Les auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêt.

Références (29)

  • J.M. Besnier

    Critères pour le diagnostic d’une infection sur prothèse. In: Tirésias volume 2

    Diagnostic de l’infection sur prothèse articulaire

    (2002)
  • Norme NF X 44-101. Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – classification de la propreté de...
  • Réseau INCISO. Surveillance des infections du site opératoire ; guide méthodologique, 2007....
  • Société française d’anesthésie et de réanimation. Recommandations pour la pratique de l’antibioprophylaxie en...
  • Cited by (2)

    Ne pas utiliser, pour citation, la référence française de cet article, mais celle de l’article original paru dans Orthopaedics & Traumatology: Surgery & Research, en utilisant le DOI ci-dessus.

    View full text