Séance thématique : traitements de substitution aux opiacés
Les traitements de substitution aux opiacés en FranceOpiate replacement therapy in France

https://doi.org/10.1016/j.pharma.2009.05.007Get rights and content

Résumé

En France, les médicaments de substitution aux opiacés (MSO) constituent la principale modalité de soins des dépendances à l’héroïne et s’inscrivent dans le cadre d’une prise en charge globale, médicale, psychologique et sociale. Apparus dans le début des années 1990, leur mise en place s’est véritablement développée devant la nécessité de faire face à l’épidémie liée au VIH et à la survenue de surdoses mortelles en nombre important. Après 15 ans d’expérience, le bilan est positif en termes d’amélioration de l’accès aux soins, d’amélioration de l’état de santé des usagers avec une réduction de la morbidité infectieuse, de réduction de la mortalité des usagers d’héroïne et de prévention des surdoses, de baisse de la criminalité. Parallèlement, des conséquences indésirables ont été rapportées, plus particulièrement pour la buprénorphine haut dosage. Des mesures ont été prises depuis la conférence de consensus de juin 2004 : le plan d’action de l’Assurance maladie, la mise en place d’un groupe de travail de la commission addictions dédié aux traitements de substitution aux opiacés (TSO) et ses premières propositions, les dispositions réglementaires pour limiter le mésusage des MSO, les plans de gestion de risque mis en place par l’Afssaps. Le plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les toxicomanies 2008–11 s’attache également à prévenir et limiter l’usage détourné et du trafic des traitements de substitution ou d’autres médicaments pour en protéger la valeur thérapeutique. Les perspectives internationales dont certaines initiées par la France militent en outre pour la reconnaissance de ces traitements.

Summary

France has been implementing a harm reduction based policy toward drug users, mainly based on opiate replacement therapy. The opiate substitution treatment appeared at the beginning of 1990's and was implemented at a large scale to avoid the spread of HIV among injecting drug users and to reduce the large number of drug abuse related deaths. The 15-year experience is conclusive when access to health care had been greatly improved. Moreover, this policy has made a considerable impact on substance users’ health in general. It has contributed to the reduction of fatal overdoses, almost brought an end to HIV transmission through needle-sharing; the numbers of offenders for heroine use dramatically decreased. In the same way, adverse consequences occurred, mainly linked to the misuse of buprenorphine. Policy measures have been set up at the end of the consensus conference on June 2004: a national health insurance action plan – aiming at reducing the volume of diverted medicines –, a working group dedicated to opiate replacement therapy on behalf of the Ministry of Health (commission on addiction), regulatory measures to reduce the misuse of opiate maintenance medicines, risk management plan of the French Medicines Agency. The Government Action Plan 2008–11 on drugs and drug addiction provides for proposals aiming at reducing the diversion and the misuse of medicines and protecting their therapeutic value. French advocacy in favour of opiate replacement therapy remains a national and international priority.

Section snippets

Effets indésirables

Parallèlement aux effets bénéfiques, des conséquences indésirables presque exclusivement rapportées à la BHD ont été observées. Essentiellement liés au cadre de prescription souple, les mésusages de BHD (injection du produit, usage abusif ou hors protocole, phénomènes de trafic plus ou moins organisés) ne concernent qu’une petite part des usagers (estimée à moins de 5 %), l’immense majorité y recourant dans un cadre thérapeutique.

Ces risques de mésusage ou d’usage détourné avaient été évalués

Quelles mesures ont été prises à partir de juin 2004 ?

Pour diminuer le mésusage et le détournement de certains médicaments, la Loi du 13 août 2004 relative à l’Assurance maladie avait introduit par son article 17 un amendement du Code de la sécurité sociale (CSS) avec l’insertion d’un article L. 162-4-2. Cet article conditionne à deux obligations, la prise en charge par l’Assurance maladie, de soins ou traitements susceptibles de faire l’objet d’un usage détourné : l’indication du nom du pharmacien choisi par le patient sur la prescription et

Plan d’action de l’Assurance maladie

En outre, l’Assurance maladie a initié un plan d’action national sur le contrôle des traitements de substitution en juin 2004 destiné « à lutter contre les abus et fraudes tout en préservant le droit des personnes traitées à des soins utiles et de qualité ». Ce plan d’action consiste, d’une part, à déposer des plaintes, au pénal, envers les personnes fortement suspectes d’alimenter le trafic et, d’autre part, à exiger des médecins, pour les malades dont la consommation était jugée excessive,

Instances de consultation

Le 15 novembre 2006, le ministre chargé de la santé installait la Commission nationale addictions qui succédaient à la Commission consultative des traitements de substitution, mise en place par l’arrêté du 7 mars 1994 peu après la mise sur le marché de la méthadone et arrivée à son terme en 2004. Le maintien d’une instance de consultation comme force de proposition et outil d’expertise pour l’élaboration des orientations relatives à la prise en charge des personnes ayant des pratiques

Que faire encore pour améliorer la disponibilité des traitements et la qualité des soins ?

Comment approcher au mieux le juste équilibre entre prise en charge adaptée et prévention de l’entrée en consommation ? Le plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les toxicomanies 2008–11 s’attache à prévenir l’entrée dans la toxicomanie par le développement d’actions de prévention et par la limitation de l’usage détourné et du trafic des traitements de substitution ou d’autres médicaments. Toutes les institutions partenaires du plan avec le renfort du réseau associatif impliqué sont

Conflits d’intérêts

Aucun.

References (0)

Cited by (4)

  • Buprenorphine-naloxone: New for 2009

    2009, Trastornos Adictivos

Communication présentée à l’Académie de pharmacie lors de la séance thématique « Traitements de substitution aux opiacés » du 28 janvier 2009.

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